Rosa Bonheur, dont une exposition lui a été consacrée à la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux, est née à Bordeaux le 16 mars 1822. Son père, Raymond, enseigne la peinture et initie ses enfants aux arts plastiques dès leur plus jeune âge, mais c’est Rosa qui paraît la plus douée, en particulier dans la caricature. Sa mère, Sophie, couturière, ayant de faibles revenus, se retrouve dans la misère, et meurt jeune. Sa disparition précoce a choqué Rosa qui s’est promis de s’en sortir, grâce au fruit de son travail, la peinture.
Rosa apprend la couture, mais n’aime pas ce travail. Rosa est artiste, elle ne peut pas rentrer à l’école des Beaux-Arts, réservée aux hommes, et devient copiste au musée du Louvre. Elle se débrouille dans les salles de peinture du Louvre. Elle s’intéresse aux peintures animalières.
A 14 ans, elle fait vivre sa famille en vendant ses tableaux. Elle a aussi une passion pour la photographie : sa famille a conservé son petit laboratoire photo avec tous les produits de développement et de tirage, les plaques de verre …
En 1836, elle fait la connaissance de Nathalie Micas grâce à son père qui rencontre le père de Rosa. Il y a une telle complicité entre les deux filles qu’elles ne se quitteront plus jusqu’à la mort de Nathalie. Cette dernière s’occupe de l’intendance de la maison : Nathalie prépare les toiles, s’occupe de la garde-robe de Rosa pour les réceptions. Elles se font mutuellement des cadeaux : on a retrouvé une boîte d’aquarelles offerte par Nathalie Micas à Rosa Bonheur, et des barrettes offertes par Rosa à Nathalie.Cependant, comme dans tous les couples, elles se disputent : Nathalie est jalouse d’une liaison de Rosa avec une cantatrice.Y avait-il une relation amoureuse entre Nathalie et Rosa, on ne le sait pas.Des journalistes ont dit de Rosa Bonheur que c’était une vestale.
Pourtant, elle a eu une demande en mariage d’un Anglais, Sir Edwin Dancer, qui a eu une relation romanesque avec Rosa.
Rosa Bonheur était féministe ; elle avait une vision libérée et indépendante de la femme : elle revendiquait une autonomie financière comme Marie Curie. Elle n’accepta pas de se marier.
Elle demande l’autorisation de porter le pantalon pour raison professionnelle, afin de visiter les abattoirs : elle reçoit un « permis de travestissement. » Rosa Bonheur a fréquenté George Sand, elles fumaient toutes les deux.
Rosa Bonheur avait une cuisinière qui lui préparait ses repas, car elle n’avait pas le temps de s’occuper des tâches ménagères. Dans la salle à manger de son château, on peut admirer de la porcelaine et des vases à ses initiales. Dans sa chambre, on découvre une volière qui contenait une soixantaine d’oiseaux et une boîte à musique.
Rosa Bonheur peignait différents animaux, un lion, des chevaux, des bœufs au travail, des biches, des cerfs, des lapins. La particularité de ses toiles, c’est que les animaux paraissent vivants, on a l’impression qu’ils sortent de la toile, ce qui a fait son succès.
En 1848, l’artiste reçoit une commande de l’État : « les labourages du Nivernais » où les bœufs sont très réalistes. Elle peint comme un homme. Pour elle, les animaux ne sont pas des choses, car ils ont une âme.
Rosa Bonheur est décorée de la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur par l’Impératrice Eugénie qui vient la voir dans son atelier de peinture. Au total, elle recevra six décorations (Angleterre, Espagne, Portugal…)
Grâce à la vente d’une toile gigantesque, « le marché aux chevaux, » l’une des toiles les plus admirées au Metropolitan Museum de New York, Rosa Bonheur achète en 1859 le château de By, près de Fontainebleau.
A partir de là, Rosa Bonheur vit dans son château .Dans le parc, elle élève 40 moutons, des chevaux, des bœufs.Elle monte à cheval à califourchon comme les hommes ; elle soigne ses animaux. Elle accueille des lions qu’elle apprivoise.
Au salon du Louvre, en 1853, Rosa Bonheur expose un tableau de 5 mètres de long, « le marché aux chevaux » : Ernest Gambart l’achète 40 000F. L’artiste-peintre fait des expositions itinérantes : elle voyage en Europe avec ses tableaux.Elle devient une icône. Le tableau , « le marché aux chevaux » part aux États -Unis.Il est vendu 268 000 F or. A 55 ans, ses œuvres sont presque toutes vendues sur le marché international dans les pays anglo-saxons , soit 80 % de sa production. C’est l’artiste-peintre la plus connue et la plus chère.
Le 30 juin 1864, Rosa Bonheur est invitée par l’Empereur Napoléon III à déjeuner au château de Fontainebleau.Elle a un pied à terre à Paris rue Gay-Lussac pour aller à l’Opéra. Elle fréquente Georges Bizet, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Gustave Flaubert.
Grâce aux recettes de ses toiles, elle acquiert des villas sur la Côte d’Azur, dont le tourisme est déjà florissant à l’époque. Elle est en contact avec la reine Victoria, et le roi Édouard VII est reçu au château de By.
En 1889, sa compagne Nathalie Micas, malade, décède le 21 juin., alors que Rosa a 67 ans.Elle a une peine immense, car c’est toute une partie de sa vie qui s’en va avec la disparition de sa compagne. La même année, elle rencontre Buffalo Bill , dont elle fera le portrait à l’Exposition Universelle de Paris où est inaugurée la Tour Eiffel. Ce tableau fait plus ressortir le museau du cheval que le visage de Buffalo Bill, dont les traits sont quelconques.
Rosa Bonheur fait la rencontre de Anna Klempke qui ressemble à sa mère.Anna demande à Rosa la permission de lui faire son portrait, qui est devenu célèbre depuis.Rosa , en plein deuil de sa compagne , supplie Anna l’artiste américaine de rester avec elle au château de By. Anna Klempke qui reste en France, écrit la biographie de Rosa Bonheur qui sera publiée en 1920.
Rosa meurt d’une pneumonie en 1899, après avoir pris froid.Dans son testament, elle fait Anna Klempke légataire universelle.
Suite à la révolte de ses proches, en particulier son neveu, une somme de 1 300 000 F est donnée à la famille de Rosa Bonheur, et l’autre moitié à Anna Klempke. Tous ses tableaux sont vendus après sa mort.
Anna Klempke meurt en 1942 et est enterrée dans le caveau de Rosa Bonheur.