Le 33 tours qu’ouvre “Le Métèque” est vraiment le point de départ d’une carrière au sommet, et pas seulement parce que son premier single se vend à quelques centaines de milliers d’exemplaires. On découvre en effet une écriture parvenue à maturité et un tempérament singulier d’artiste qui, de chanson en chanson, confirme autant une belle plume de poète qu’un talent de compositeur aussi pan-méditerranéen qu’il est enraciné dans la chanson française.
Et, en faisant pour la première fois un album “sérieusement”, il accumule les futurs classiques : “Le Métèque”, “Le temps de vivre”, “Ma solitude”, “Joseph”, “Il est trop tard”, “La carte du tendre” dont il signe paroles et musique, mais aussi “Le facteur” adapté de Manos Hadjidakis, “Gaspard” sur un poème de Paul Verlaine. Un album éblouissant arrangé par Alain Goraguer avec quelques solistes magnifiques comme les guitaristes Raymond Gimenès et Sylvano ou la soprano Françoise Walch dont la voix s’entrelace notamment à celle de Georges Moustaki sur “Il est trop tard” et “le Facteur”.
La pochette du 33 tours, avec le gros plan d’un chanteur à la barbe et aux cheveux déjà poivre et sel, est aussi la carte de visite d’une carrière qui, aussitôt, fédère plusieurs publics qui lui resteront à jamais fidèles -ce qu’il reste de la Rive Gauche, des babas cool attirés par le soleil de ses chansons, des bourgeois qui aiment le voyage, des salariés qui rêvent secrètement d’une vie de bohème .
C’est le début aussi d’une légende tenace sur l’indolence et le tempérament paresseux de Georges Moustaki, qu’il va entretenir avec une efficace constance pendant des décennies.
Georges Moustaki : “Le Métèque” : 1969
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