On dirait que la nue est veuve ce matin
Tant est sombre son voile, obscure sa toilette…
Et la moiteur de l’air dessous le noir satin
De ce ciel couleur d’encre a l’odeur aigrelette.
C’est le chagrin du temps qui porte au fond de lui,
D’une saison ratée, la colère orageuse.
Le printemps n’est plus là… son esprit eut relui
Si l’hiver n’avait pas cette main vigoureuse.
Il fait froid, et pourtant nous sommes en Avril…
Le soleil devrait donc avoir de sa tendresse
Réveillé, doux, câlin, sans le moindre péril,
La nature enchantée et vibrant d’allégresse.
Malgré son beau sourire offert ses derniers jours,
Voilà que de la pluie un rictus recommence
A gâcher ses beaux ris en apportant toujours
Dans l’éther désolé les flots de l’inclémence !
© Johanne Hauber-Bieth (avril 2015)