Même si nous ne sommes plus des enfants qui apprenons à faire nos premiers pas, à chaque tournant de la vie, nous sommes amenés à faire attention où l’on met nos pieds. Au sens propre comme au sens figuré.
Ainsi, jamais je ne me serais aventurée dans un marécage, ni dans une forêt aux endroits humides sans bottes, de peur de faire une rencontre fortuite avec une vipère par exemple.
Par une ballade dans la forêt du Cézallier au-dessus d’Allanches en Auvergne, j’ai cependant ressenti une sensation étrange en avançant pas à pas dans cette mousse somptueusement, généreusement épaisse d’au moins trente centimètres et où les petites branches ainsi déjà recouvertes par ce tapis magique, laissent entendre de doux craquements sous nos pieds.
Là, pas de danger imminent.
Dans le golfe du Morbihan, j’ai avancé dans l’océan, et de minuscules crabes m’ont fortement pincé le gros orteil, histoire de me dire, tu n’es pas sur ton territoire, ne me marche pas dessus; évidemment ils se défendent, et dans un mètre d’eau, difficile, pour éviter de les déranger.
Là, encore, pas vraiment de danger.
Mais dans une vie d’adulte, quand, le cœur encore assez pur, on avance, un peu naïvement sans doute, vers des êtres qui, eux, ne le sont plus depuis fort longtemps, et vous séduisent pour mieux vous faire tomber dans leurs pièges, et bien souvent dans les seuls moments où vous êtes plus faibles pour diverses raisons (mal affectif ou autres soucis), c’est tout à fait malsain. On y laisse toujours des plumes. Car tous les saints n’ont pas d’auréole pour les distinguer, trop facile ce serait !
Ainsi il ne faut pas confondre crabe et cancer qui lui, vous rongera malgré vous.
Vous pourrez dire après, que vous avez rencontré le diable, et l’ange a perdu ses ailes en s’y brûlant.
Jeunes filles ou femmes averties, méfiez-vous de beaux parleurs et des hommes qui ne sacrifieront rien pour vous, une fois que vous leur aurez tout cédé, et qui se lasseront très vite de vous, qui que vous soyez, et c’est d’ailleurs pour cela que jamais, jamais, ils ne se marieront, ou ne quitteront le giron de leur mère car ce sont les seules femmes qui les soutiennent pour des raisons évidentes.
Des fois, il vaut mieux rencontrer le vrai loup car, au moins, si vous avez un beau morceau de viande, c’est vous qui pourrez l’épater pour vous sauver. Et lui vous regardera droit dans les yeux.
Où sont les crabes inoffensifs, en somme, à côté d’êtres cruels qui vous laissent dans une détresse morale parce que vous avez trop cru qu’il existait… l’Amour là où il n’y avait que duperie, lâcheté et mépris pour la femme. C’est presque l’histoire du Graal : ne pas voir le ciboire le plus fringant qui scintille et cache sa fourberie, sa traîtrise, mais se tourner vers celui qui vous semble le plus humble, comme la violette qui se cache derrière la ronce pour qu’on apprenne à la découvrir. Ne choisissez pas, vous les biches, le plus beau cerf pour ses ramures, lionnes, ne choisissez pas la girafe parce que c’est la plus grande proie, car elle peut vous réserver le sort du piétinement dont vous ne vous en relèverez pas.
Mais soyez assez sages, pour voir ce que vous avez tout près de chez vous, qui n’a peut-être pas de ramures, ni de pinces, ni trop d’allure, mais qui vous apportera suffisamment de quiétude dans des pâturages sûrs et fiables, si vous êtes trop gourmands et ruminants ! A tout point de vue.
Certains se reconnaitront et sauront qu’un geai reste un bel oiseau, et même s’il s’habille des plumes du paon, il ne restera qu’un geai et sera un jour dévoilé. Sa roue ne sera élaborée qu’en rapport de ses propres limites, un simple vent et il sera dépouillé de ses attraits s’il n’est pas plumé………
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute ….